Une proposition de loi pour la crise de l’eau potable en Guadeloupe

La Guadeloupe, cette belle île des Caraïbes, connaît des difficultés d’accès à l’eau potable. La consommation d’eau ne cesse d’y grandir, mais les équipements sont obsolètes et la gestion de l’eau manque de cohérence dans ce département d’outre-mer.

Pour avoir une idée de l’ampleur du problème, sachez que même dans les années où le territoire a produit le double du nécessaire d’eau, le très mauvais état du réseau de distribution en Guadeloupe a entraîné la perte de la moitié de la production.

Ainsi, les habitants de la Guadeloupe ont des coupures d’eau fréquentes. Ces interruptions sont dues à des ruptures de canalisations, des incidents sur le réseau de distribution ou de stockage d’eau.
Cette situation préoccupante affecte non seulement les ménages, mais aussi l’agriculture, le tourisme et toutes les activités économiques de l’île. À cela s’ajoute l’état déplorable des stations d’assainissement qui émettent des rejets polluants dans le milieu marin qui menacent gravement la biodiversité.

Une proposition de loi pour venir à bout de cette crise de l’eau en Guadeloupe est en discussion actuellement et vise la création d’un syndicat unique pour la gestion de l’eau potable et d’assainissement.

Cette crise d’eau en Guadeloupe n’est cependant pas liée à la quantité de cette ressource qui abonde dans l’île. En effet, la production quotidienne d’eau potable représente 430 litres par personne, alors que la consommation se situe entre 170 et 175 litres par personne. Une différence qui prouve à elle seule la mauvaise gestion et le gaspillage de cette ressource précieuse.

Le manque d’entretien du réseau, son renouvellement en temps utile, une gestion désarticulée et les difficultés financières des différents gestionnaires malgré le prix élevé de l’eau sont seulement quelques raisons de cette crise malgré l’abondance de l’eau douce en Guadeloupe.

Quelques initiatives locales et nationales ont tenté d’améliorer la situation. En 2018, par exemple, un plan d’actions doté de 71 millions d’euros devait financer 38 projets, consacrés notamment au renouvellement des réseaux d’eau. Pourtant, trop peu a été fait.

En 2020, en pleine crise sanitaire du Covid-19, le préfet a dû réquisitionner en avril des opérateurs pour mettre en place un plan de gestion de crise afin de rétablir un service minimum. Suite à ce plan, sur les 1700 km de réseau inspectés, plus de 4 000 fuites ont été réparées permettant ainsi une économie d’eau de l’ordre de 800 m3/h.

Toutefois, on est loin d’avoir remis en état tout le réseau de distribution de l’eau en Guadeloupe. Pour rendre plus efficace la distribution, on estime qu’il faudrait encore réparer au moins 5 000 fuites similaires.

La proposition de loi vise donc la création d’un syndicat mixte unique afin de permettre une gouvernance unique de l’eau en Guadeloupe. Présentée par Justine Benin, cette proposition a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 28 janvier et a été débattue en séance publique le 10 mars au Sénat.

La création du syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe est prévue au 1er septembre 2021. Cette gestion unique permettrait des économies d’échelle, la mutualisation des coûts, et une meilleure solidarité entre les territoires répartis sur l’île. Les membres de cet établissement public seront les cinq communautés d’agglomération de la Guadeloupe continentale, le conseil départemental et le conseil régional.