Le nettoyage mécanique des plages détruit leur biodiversité

Vous avez sans doute été témoin ou constaté que de nombreuses plages sont nettoyées de manière mécanique, à l’aide de tracteurs ou autres engins ratissant le sable.
Le but de ces nettoyages est louable : présenter des plages propres aux touristes. Si le nettoyage des déchets est une réalité nécessaire, cette pratique a des conséquences dévastatrices sur la biodiversité de ces plages.
Des expériences sont menées pour étudier justement l’impact de ce genre de pratique sur cet écosystème particulier. Depuis quatre ans, une telle expérience est menée sur la Grande plage de Carnac, dans le Morbihan. Une petite partie de cette plage n’est plus nettoyée mécaniquement à la suite d’une décision de la commune d’en faire une zone « test » pour mesurer l’impact du nettoyage mécanique sur les plages.
Les résultats n’ont pas tardé à apparaître : sur la trentaine de mètres soumise à cette expérience inédite, la plage a retrouvé son aspect sauvage. Le sable est parsemé de varech – ce mélange d’algues brunes, rouges ou vertes rejetées par la mer, de fragments de coquillages. Les liserons des dunes, avec leurs petites fleurs roses et blanches ont commencé à recouvrir cette partie non soumise aux agressions mécaniques, tout comme les buissons de roquette de mer et des roseaux des sables. Un véritable écosystème végétal s’est rapidement installé sur cette bande protégée alors qu’à peine quelques kilomètres plus loin, les plages sont vierges de toute trace d’algues, de coquillages, de plantes, de vie. Le sable est certes lisse, prêt pour les serviettes des touristes, mais la vie n’y est plus.
Les cribleuses avec leurs lames vibrantes prélèvent le sable sur vingt centimètres de profondeur et le tamisent pour récupérer les déchets tout en détruisant les espèces qui essayeraient malgré tout de s’installer. Les ratisseuses, lisseuses et tracteurs ne sont pas plus tendres avec cet écosystème dunaire composé non seulement de plantes, mais aussi des insectes qui colonisent les restes des algues et des oiseaux qui se nourrissent de ces mêmes insectes. C’est donc toute une chaîne de biodiversité qui se retrouve anéantie avec en prime l’accentuation de l’érosion de nos plages… Il serait peut-être temps de laisser la nature reprendre ses droits sur nos plages, non ?