Les aires marines protégées préservent-elles les océans ?

Pour préserver nos océans et la vie marine de l’extinction d’espèces, notamment due à la surpêche et à la pollution, de nombreux États se sont engagés ou ont déjà créé des aires marines protégées.
Mais est-ce que ces zones bénéficient-elles vraiment d’une législation suffisamment stricte pour atteindre leur but de préservation ?
La réponse est un peu brutale : pas vraiment car la plupart de ces zones sont soumises à une législation trop permissive.
Pourtant il y aurait bien urgence car selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, un tiers des stocks de poissons sont surexploités par la pêche mondiale et de nombreuses espèces sont ainsi menacées d’extinction.

Les États membres de l’ONU s’étaient engagés lors de la Convention sur la diversité biologique de 2010 à protéger 10 % des zones marines et côtières jusqu’en 2020 grâce justement à la mise en place d’aires marines protégées.
Nous constatons aujourd’hui que les résultats de cet engagement ne sont pas du tout concluants. Selon l’Institut de conservation marine (Marine Conservation Institute), les aires marines protégées couvrent actuellement seulement 2,7 % de la surface de l’océan pour ce qui est des zones mises en œuvre et entièrement / hautement protégées et 3,7 % dans des zones moins protégées.
Ces résultats sont encore plus décevants si on constate que le pourcentage des aires marines protégées avec des mesures suffisamment restrictives pour être efficaces est inférieur à celui des zones bénéficiant d’une protection moins efficace.
Les mécanismes de protection forts prévoient, par exemple, que toutes les activités de prélèvement des ressources y soient interdites. Cette restriction plus forte permet à l’écosystème de se restaurer et d’être en meilleure santé à moyen terme. D’ailleurs, dans ces zones, une augmentation de la biodiversité apparaît plus facilement et un équilibre s’instaure à nouveau dans ces aires marines strictement protégées.
Dans les zones de protection plus permissives, certaines activités comme la pêche sont autorisées même si elles y sont restreintes, alors que même économiquement ce prélèvement de ressources n’est pas rentable. Alors pourquoi ne pas adopter les mêmes mesures de protection forte si on constate qu’elles fonctionnent ? Il semble que la demi-mesure ne serve à rien.
Dans tous les cas, selon les scientifiques, pour réellement protéger la biodiversité marine, ces aires marines strictement protégées devraient atteindre une couverture comprise entre 30 et 50 % de la surface de l’océan. Nous sommes donc bien loin des 2,7% actuels…
Il faudrait élaborer et mettre en œuvre une politique de protection des océans plus ambitieuse afin d’obtenir de réels effets sur la biodiversité. Enfin, une étude publiée en avril 2020 dans la revue Nature estime que la protection de 50% des océans grâce à des aires de ce type et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre permettraient la restauration de la vie marine en seulement trente ans. Belle perspective, non ?